Quand les religions créent la tendance, de la « modest fashion » à Dolce & Gabbana

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Eternel débat, d’Eve à Phoebé, de l’épouse du Prophète aux musulmanes d’aujourd’hui, de Sarah aux juives orthodoxes de 2016, comment la femme de religion monothéiste, doit-elle s’habiller ? La « modest fashion » tente une réponse, les marques de haute couture se saisissent de la tendance.

La « modest fashion » touche en fait toutes les religions : le seul dénominateur commun entre toutes ses déclinaisons est d’éviter de porter des vêtements qui inciteraient une forme d’attirance sexuelle. Devant être « un exemple de stabilité et de bon jugement », on peut constater que la femme fréquentant un lieu de culte, n’est pas toujours à l’aise avec sa garde robe : la beauté du cœur est toujours louée, la parure du corps, presque toujours sujet à des débats, et ce, dans toutes les religions monothéistes. Au milieu de tout cela, pourquoi les femmes devraient-elles céder aux canons de la mode actuelle, plutôt provocante ?

La reine Esther, pour se rapprocher de Dieu et prier alors que son peuple était en danger, a laissé « ses somptueux vêtements et ses bijoux » ? On peut se rendre dans un lieu de culte tel que l’on est car Dieu regarde toujours au cœur et non aux habits. Cela tombe sous le sens ? Quand on voit ce que les « canons de la mode » proposent aux femmes, c’est un art de savoir s’habiller ! Au fait, pourquoi s’habiller différemment pour aller prier ? N’est-on pas également en dehors de notre lieu de culte, en train de vivre notre foi ? C’est de la vie de tous les jours de millions de femmes dont on parle, alors est-ce un marché ? Les vêtements dits « religieux » résistent bien face à une laïcité cherchant sa taille idéale au milieu des pensums anti religieux... En tout cas l’épineuse question de la laïcité ne se pose pas du tout pour certaines créatrices, très en vues dans la mode selon Dieu. « Modest fashion », simple réponse à une mode trop provocante ? Retour du religieux dans la vie des femmes ? Voyons cela de plus près.

Certaines femmes créent des parures « religiously very correct », qui font le buzz sur Internet, tiennent le haut du pavé à New York, et s’arrachent comme des petits pains au Brésil. Dans ce dernier « géant », où pas moins de 55 millions de personnes sont chrétiennes, certaines créatrices ont créé une griffe « religieuse », couvrante, pas d’épaules, pas de décolletés, mais des jupes longues, bref de quoi louer Dieu sans rien céder à l’indécence. Ces créatrices appliquent à la lettre certains versets, comme 1 Timothée 2 :9, Je veux aussi que les femmes, vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d’or, ni de perles, ni d’habits somptueux… Au Brésil, la boutique Joyaly de Joyce Flores, styliste de 37 ans est l’une des précurseuses sur ce marché. L’explosion du nombre d’évangéliques au Brésil l’a obligée à modifier ses collections. La boutique, ne propose que des vêtements répondant aux critères des églises évangéliques. Son chiffre d’affaires a augmenté de 150% en 10 ans !

Deux femmes de religion juive orthodoxe ont leur marque à Brooklin, à New York : MIMU Maxi. Leur ligne est branchée et couvrante, adaptée aux juives, chrétiennes et musulmanes ! Leur marque a connu un grand coup de projecteur après avoir fait poser la célèbre blogueuse américaine musulmane Summer Albarcha, avec l’une de leurs créations. La photo a fait le tour du web, provocation en pleines tensions israélo-palestiniennes ou réponse pacifique au milieu des conflits ?

C’est finalement plus profond qu’on ne croit ce débat ! Femme musulmane qui porte le Hijab en restant très mode, Summer Albarcha a conquis un public très large en postant sur Instagram (depuis qu’elle a 16 ans) des photos de ses créations, en accord avec les préceptes du Coran. La jeune femme étudiante dans une école de commerce a aussi ses entrées à la Fashion Week de New York comme à celle de Dubaï ! Si leur foi ne va pas au même dieu, Mimi Hecht, Mushky Notif et Summer Albarcha se rejoignent sur un point, pouvoir porter des vêtements tendance mais respectant les femmes et pudiques.

La religion musulmane n’est pas en reste. « Youtubeuse » très en vogue dans ses modes de communications, Hana Tajima a créé une ligne pour des fêtes religieuses musulmanes pour Uniqlo. Cette chaîne de magasins japonais a lancé en juillet 2015 la « Hana Tajima Lifewear collection », disponible à Singapour et en ligne.

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Dolce & Gabbana vient de sortir sa ligne de hijabs. Les marques de haute couture montrent ainsi qu’au delà d’une tendance, un marché existe réellement.

Bérengère


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